LES PROJETS

Christian Philibert et Jacques Dussart travaillent depuis plus de trente ans sur Gaspard de Besse. Forts de leurs récentes découvertes, comme ces 250 pages inédites de retranscription des interrogatoires d’époque, ils connaissent désormais parfaitement l’histoire de ce bandit au grand cœur. Grâce la découverte de son masque mortuaire, que l’on croyait perdu, et d’un second portrait exécuté d’après nature (son profil), totalement inconnu à ce jour et découvert par l’association Les Amis d’Espigoule en 2022, nous sommes aujourd’hui capables de reconstituer au plus près le visage de Gaspard.

En 2025, nous inaugurerons une série de projets destinés à mettre en valeur la vie et la légende de Gaspard de Besse : Réalisation d’un buste, exposition itinérante, édition d’un livre, production d’un film documentaire et développement d’un long métrage de fiction, cycle de conférences, site web et implantation de bornes connectées (les chemins de Gaspard).

Le projet principal est l’organisation d’une exposition-événement : Gaspard de Besse (1757-1781), histoire et légende du Robin des bois provençal. Celle-ci dévoilera le visage de Gaspard de Besse ainsi que tous les documents originaux, collectés ou répertoriés depuis plus de trente ans. Le projet, qui retrace 250 ans d’histoire varoise et aixoise, suscite d’ores et déjà l’intérêt de la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence avec qui nous avons déjà collaboré sur l’exposition Germain Nouveau en 2021. Cette exposition sera organisée également dans une ou deux villes du département du Var (Draguignan, Brignoles, Toulon ou Saint-Raphaël).

DU FAIT DIVERS À LA LÉGENDE

Gaspard de Besse, de son vrai nom Gaspard Bouis, est né en 1757 à Besse-sur-Issole dans l’actuel département du Var, il est le fils d’un petit propriétaire paysan. On prétend qu’à ses débuts, son caractère et son charisme l’ont naturellement désigné comme chef de bande. La tradition le décrit comme un beau et grand jeune homme à l’allure fière et désinvolte, ce que ne dément pas un portrait exécuté d’après nature et conservé au musée Arbaud d’Aix-en-Provence.

Durant plusieurs années, Gaspard tient en échec la maréchaussée. Habile, intelligent et surtout très mobile, il frappe un jour dans l’Estérel, le lendemain dans les Bois de Cuges, puis se réfugie avec sa bande dans le Comté de Nice ou en Italie. Il a des complices dans les campagnes, dans les villes et même au sein de la maréchaussée. Les archives de notre région contiennent de nombreux documents relatifs à ses forfaits.

Arrêté une première fois, il s’évade de la prison de Draguignan au mois de mars 1780, dans des conditions rocambolesques. Dès lors, sa légende prend son envol, la rumeur publique lui prête des vertus de justicier, de défenseur du petit peuple. Les possédants s’inquiètent, les riches négociants voyagent dans la crainte tandis que les autres se font le vecteur de ses exploits. Ses manières de gentilhomme et sa galanterie sont paraît-il sa signature. On raconte qu’il a un jour porté assistance à une pauvre veuve harcelée par des huissiers. On prétend même, comble de l’audace, qu’il se serait rendu un soir à un bal organisé par une riche famille aixoise en leur château de Fontblanche…

Au mois de juin 1780, une lettre anonyme parvient à Versailles qui dénonce les méfaits d’une «nouvelle bande de mandrins, beaucoup plus dangereuse que la première» et demande avec insistance au ministre Necker de prendre des dispositions. La chasse commence. Elle dure plusieurs mois. La plupart de ses hommes sont appréhendés, mais Gaspard reste introuvable. C’est par hasard qu’il est arrêté une nouvelle fois à La Valette, près de Toulon, le 23 octobre 1780. Quelques jours plus tard, il est transféré à Aix pour y être jugé par le Parlement de Provence. Sur le chemin et jusqu’au cœur de la ville, des milliers de personnes se pressent pour le voir passer.

Le 25 octobre 1781, condamné à mort après un an d’instruction, il marche vers son supplice avec un grand courage, portant ses habits de fêtes et envoyant des baisers aux femmes. Il est roué, en même temps que ses deux lieutenants, devant une foule éplorée et compatissante. Il n’a pas vingt-cinq ans. Une complainte chante déjà ses exploits : jamais bandit n’avait inspiré tant de tendresse…

Son histoire a traversé le temps comme un conte. On retrouve sa trace, réelle ou rêvée, aux quatre coins de notre région. Depuis le XVIIIe à nos jours, romans, pièces de théâtre, poèmes, chansons, spectacles, films et bandes dessinées ont définitivement fait de lui un justicier qui volait les riches pour donner aux pauvres. Un Robin des Bois provençal !