Né et mort à Pourrières dans le Var, Germain Nouveau forme avec ses amis, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, le plus remarquable trio de la poésie française. Bohème et vagabond, à moitié saint, à demi-fou, hanté par la mort et par l’amour, il s’opposa à l’édition de ses recueils (La Doctrine de l’Amour, Valentines) qui ne furent publiés qu’à titre posthume ou contre son gré. Célébré par les surréalistes (Breton, Aragon), il demeure méconnu du grand public. De récentes recherches démontrent qu’il est le véritable auteur d’une partie des textes regroupés sous le titre Illuminations

Il fut dans le grand secret de Rimbaud (…) Saura-t-on jamais quelle part de réciprocité fut mise alors entre ces deux êtres de génie ? André Breton

Conçu comme une enquête historique, littéraire et philologique, le film de Christian Philibert, tourné sur une période de 25 ans, relate la vie de Germain Nouveau et les recherches des principaux spécialistes. Porté par de nombreux extraits de textes et illustré par une abondante iconographie, il dévoile l’itinéraire de cet artiste hors du commun et lui offre la place qui lui revient dans l’Histoire de la poésie.

Le poète illuminé, Germain Nouveau (1851-1920)
Documentaire historique (85 minutes)

Date de sortie : 13 octobre 2021

Scénario, réalisation, montage : Christian Philibert
Image, son, étalonnage : Patrick Barra
Mixage : Pascal Hochenedel
Musique : Jean-Louis Todisco
Chanson du générique de fin : Nicolas Comment et Éric Elvis Simonet

Participants :  Jacques Lovichi, Eddie Breuil, Jean-Philippe de Wind, Pascale Vandegeerde, Guillaume Zeller et Cyril Lhermelier
Interprètes : Philippe Chuyen et Jean-Louis Todisco (extraits du spectacle de P. Chuyen : Germain Nouveau, Le Mendiant Magnifique (Artscénicum Théâtre 2010)

Production : France 2020 – Les Films d’Espigoule en coproduction avec Les Amis d’Espigoule
Distribution : Les Films d’Espigoule

Partenaires :  La ville de Pourrières, la ville d’Aix-en-Provence, La Région Sud, Le Conseil Départemental du Var, Les Amis de La Méjanes, VBC Production, Artscénicum

Format Image : HD 16/9 – Son 2.0
Numéro de visa : 153358
ISAN 0000-0005-AEA8-0000-8-0000-0000-D

Extraits de presse

La forme est classique, le fond absolument passionnant.
« Lui redonner sa place, c’est notre problème à tous » dit l’un des intervenants du documentaire.
Plus personne n’osera en douter.

François Léger , Première (septembre 2021)

Tous convaincus d’une injustice, émouvants dans leur engagement, leur sincérité, leur parcours de chercheurs. Tous émus, toujours, par les mots du poète. Ces mots que le réalisateur fait résonner très haut, intégrant de larges extraits du spectacle mis en scène par Philippe Chuyen en 2010, Germain Nouveau, Le Mendiant Magnifique.

Elise Padovani, Zibeline (août 2021)

LE POÈTE ILLUMINÉ – LES SPÉCIALISTES

Le film est construit autour de six personnages, choisis parmi les meilleurs spécialistes de Nouveau :

Jean-Philippe de Wind et Pascale Vandegeerde : Auteurs et éditeurs des Cahiers Germain Nouveau, dont le 5e numéro est paru en décembre 2020, éditeurs de l’ouvrage Quelques premiers vers, compilation des premiers poèmes de Nouveau, ils sont aujourd’hui conseillers scientifiques de l’exposition à la Bibliothèque Méjanes (2 octobre – 31 décembre 2021), organisée à l’occasion du centenaire de la mort de Germain Nouveau. Depuis 20 ans ils ont réuni une importante collection autour du poète varois qui sera présentée dans le cadre de cette exposition.

Guillaume Zeller : Co-auteur et co-éditeur des premiers Cahiers Germain Nouveau, il est spécialiste des questions familiales de Germain ainsi que du mythe du Poète mendiant. Il s’implique depuis de nombreuses années pour la mémoire et la sauvegarde du patrimoine de Germain Nouveau.

Jacques Lovichi : Poète et chercheur, il est l’auteur de Germain Nouveau, précurseur du surréalisme. En 1964, avec Le cas Germain Nouveau, il a été le premier à affirmer que Nouveau était l’auteur de certains poèmes des Illuminations, officiellement attribuées à Rimbaud. Une thèse de doctorat dont la soutenance n’a pas été autorisée et qui a brisé sa carrière universitaire.

Eddie Breuil : Docteur ès lettres et arts, philologue, il est l’auteur de l’essai Du Nouveau chez Rimbaud paru chez Champion en 2014 qui attribue à Nouveau une large partie des textes publiés dans les Illuminations. Conseiller scientifique de l’exposition à la bibliothèque Méjanes en 2021, Il travaille actuellement sur une nouvelle mouture de son ouvrage, revu et augmenté, ainsi que sur une nouvelle édition des œuvres complètes de Germain Nouveau.

Cyril Lhermelier : Docteur ès littérature française et francophone, il a soutenu en 2015 une thèse de doctorat sous la direction de Steve Murphy, intitulée Lecture des Premiers vers de Germain Nouveau (1851-1920) : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Intertextualité, intermétricité. Il a rédigé une dizaine d’articles sur Germain Nouveau et ses relations avec Rimbaud, Verlaine et Richepin.

LES TEXTES
Les textes (poèmes, correspondances) qui illustrent le film sont extraits du spectacle Germain Nouveau, Le Mendiant Magnifique, adapté, mis en scène et interprété par Philippe Chuyen (Cie Artscénicum) en 2010. Certains poèmes sont mis en musique et chantés par Jean-Louis Todisco.

La chanson du générique de fin, adaptation musicale du poème Dévotion (Illuminations), est extraite de l’album de Nicolas Comment : « Nouveau », disque vinyle, accompagné d’un livret photographique, paru le 15 janvier 2021.

GERMAIN NOUVEAU – BIOGRAPHIE

Germain Nouveau est né à Pourrières, dans le Var, le 31 juillet 1851. Orphelin très jeune, il réalise de brillantes études à Aix où il obtient le premier prix du concours de dessin. Dès sa majorité, en 1872, il décide de « monter à  Paris » pour se lancer dans la peinture et la poésie. Attiré par l’effervescence des cafés de la rive gauche, près de l’Odéon, il découvre la vie de bohème et voit ses premiers poèmes publiés dans la presse. Il se lie rapidement avec Jean Richepin, Stéphane Mallarmé et Charles Cros, fréquente le Groupe des Vivants et participe à L’album Zutique. En 1873, il fait la rencontre d’Arthur Rimbaud. L’année suivante, ils partent à Londres où ils vivent ensemble durant quelques mois. C’est dans cette période que naissent la plupart des poèmes qui forment aujourd’hui le recueil Illuminations.

En 1875, il rencontre Paul Verlaine, qui partage avec lui une passion pour l’absinthe et le catholicisme, avec lequel il entretiendra une longue amitié. En 1878, il devient employé au ministère de l’instruction publique avant de devenir professeur de dessin. C’est à Paris qu’il écrit, entre 1879 et 1887, ses deux principaux recueils : La doctrine de l’amour et Valentines. Le premier compte parmi les recueils majeurs de la poésie spirituelle, le second, chant d’amour et de sensualité, inspiré de sa rencontre avec la jeune Valentine Renault, est un chef d’œuvre de la poésie profane. Après quelques démarches auprès des éditeurs, il en interdira la publication.

En 1891, de retour à Paris après un voyage au Liban, il est frappé en pleine classe d’une crise de folie mystique et interné à l’hôpital Bicêtre durant plusieurs mois. C’est là, en compagnie des fous, qu’il écrit l’un de ses plus beaux poèmes : Aux Saints. A sa sortie, Nouveau décide de se vouer intégralement à sa quête religieuse. S’identifiant au saint Benoit Labre, patron des pèlerins et des sans-abris, il part sur ses traces, du nord de la France jusqu’à Rome, puis revient à Aix où Paul Cézanne lui fait parfois l’aumône au sortir de la messe. Le mythe du Poète mendiant est en marche. En 1911, il revient s’installer à Pourrières où il meurt, le 4 avril 1920, dans la misère et l’anonymat.

La doctrine de l’amour est publiée deux fois de son vivant et contre son gré, par son collègue du ministère, Léonce de Larmandie (Sous le titre Savoir aimer en 1904 et Poèmes d’Humilis en 1910). Quant à Valentines, précieusement conservé par ses amis, il n’est publié que deux ans après sa mort. Il est révélé par les surréalistes qui le considéraient comme l’égal de Rimbaud. André Breton lui consacre une exposition à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet à Paris en 1951. Il entre dans la prestigieuse collection de La Pléiade en 1970, aux côtés de Lautréamont. Fidèle à son image de poète maudit, il est le premier auteur à être retiré du catalogue en 2009. Il demeure aujourd’hui totalement méconnu du grand public.

GERMAIN NOUVEAU – FLORILÈGE

Sans verte étoile au ciel, ni nébuleuse blanche,
Sur je ne sais quel Styx morne, au centre de l’O
Magnifique qui vibre autour de lui sur l’eau,
Mélancoliquement, mon esprit fait la planche.
(Envoi à Stéphane Mallarmé ; Premiers vers)

Je fais mon train / En mendiant mon pain.
Quand je vais à l’église / On me fait comme au roi !
Tout le monde s’empresse / De s’éloigner de moi.
(Chanson de mendiant ; Premiers vers)

Je ne suis pas un prêtre arrachant au plaisir
Un peuple qu’il relève ;
Je ne suis qu’un rêveur et je n’ai un désir :
Dire ce que je rêve…
(Cantique à la reine ; La doctrine de l’amour)

L’or est un mal où l’homme, hélas ! cherche un remède.
Sitôt qu’il crie et souffre, il l’appelle à son aide,
Pour vêtir sa misère et combler avec lui
Son cœur vide, et le gouffre amer de son ennui.
Grâce à l’argent, le mal trône et rit sur la terre.
A son contact banal, quelle âme ne s’altère ?
(Pauvreté ; La doctrine de l’amour)

Je suis un fou, quel avantage,
Madame ! un fou, songez-y bien,
Peut crier… se tromper d’étage,
Vous proposer… le mariage,
On ne lui dira jamais rien (…)
Mais, je ne suis qu’un fou ; je danse,
Je tambourine avec mes doigts
Sur la vitre de l’existence.
Qu’on excuse mon insistance,
C’est un fou qu’il faut que je sois !…
(Fou ; Valentines)

Du temps où nous étions ensemble,
N’ayant rien à nous refuser,
Docile à mon désir qui tremble,
Ne m’as-tu pas, dans un baiser,
Ne m’as-tu pas donné ton âme ?
Or le baiser s’est envolé,
Mais l’âme est toujours là, Madame ;
Soyez certaine que je l’ai.
(L’Âme ; Valentines)

Quand je mourrai, ce soir peut-être,
Je n’ai pas de jour préféré
Si je voulais, je suis le maître,
Mais… ce serait mal me connaître,
N’importe, enfin, quand je mourrai.
Mes chers amis, qu’on me promette
De laisser le bois… au lapin,
Et, s’il vous plaît, qu’on ne me mette
Pas, comme une simple allumette,
Dans une boîte de sapin…
(Dernier madrigal ; Valentines)

Et si nous, les fous de Bicêtre,
Nous avions fait notre devoir,
Le devoir dicté par son prêtre,
Nous serions au parloir peut-être,
Ce ne serait pas ce parloir. (…)
Sans le diable qui nous malmène,
Nul, avec les yeux de son corps,
N’aurait vu ma figure humaine
Dans la cour où je me promène
Et dans le dortoir où je dors.
(Aux saints ; écrit à Bicêtre en 1891)